Personne handicapée ou en situation de handicap: On dit quoi ?

Dans cette interview, Alicia Birr*, spécialiste du langage, met en lumière l'importance d'un langage inclusif lorsqu'il s'agit d'aborder le thème du handicap. Il repose sur trois grands principes que tout le monde devrait adopter.

La précision : un allié crucial pour l'inclusion

La question de la précision est cruciale lorsqu'il s'agit du handicap car il reflète un spectre de réalités. Celui-ci peut être visible ou invisible, physique ou mental, léger ou lourd, permanent, intermittent ou évolutif. De plus, la connaissance des pathologies et la perception sociale des handicaps ne cessent d'évoluer.

Ainsi, il est important de différencier une personne aveugle d'une personne malvoyante, ou une personne sourde d'une personne malentendante. Employer le terme le plus précis possible permet de mieux refléter la réalité de la personne concernée.

Interroger les personnes concernées : la source des mots justes

À la question "personne handicapée" ou "personne en situation de handicap"? Il n'y a pas de réponse unique et la meilleure formulation est celle que préfère la personne concernée.

Alicia distingue le langage centré sur l'identité ("handicapé") et le langage centré sur la personne ("personne handicapée"). “Dans le langage centré sur la personne, le handicap va être une dimension supplémentaire de son identité, quelque chose qui s’ajoute à ce que la personne est déjà” explique-t’elle. Le langage centré sur l’identité quant à lui place le handicap en premier dans la description. Le choix entre les deux dépend des préférences individuelles.

En cas de doute, il est toujours préférable de poser la question de manière sincère et factuelle : "J'aimerais utiliser le terme le plus approprié pour vous concernant votre handicap. Comment préférez-vous que j'en parle ?"

Mon enfant est handicapé, qu’est-ce que je dis ?

Jusqu’à ce qu’il puisse communiquer une préférence, ce sont les parents qui décident du terme à utiliser avec eux, le terme avec lequel ils sont le plus à l’aise. Dés que l’enfant est en mesure d’avoir conscience de son environnement et de sa personne, c’est à elle ou lui de décider comment il veut qu’on se réfère à lui.

Visibiliser les femmes : une nécessité inclusive

Attention à l’utilisation abusive de l'expression "personne handicapée" et du masculin générique. Le mot “personne” est inclusif du genre car il peut désigner aussi bien un homme qu’une femme ou une personne non-binaire. Mais il ne faut pas oublier de féminiser les adjectifs et autres qualificatifs.

En effet, le langage non inclusif est encore trop présent dans le domaine du handicap. Le masculin dit générique est omniprésent, invisibilisant les femmes handicapées.

Pour lutter contre cette invisibilisation, il est essentiel d'employer le masculin et le féminin lorsqu'on parle du handicap. Par exemple, on se doit de préciser “travailleuse handicapée”.

Et pour les enfants alors, on fait comment ?

Responsabiliser d’une certaine manière les enfants pour leur faire comprendre l’impact que les mots qu’ils peuvent utiliser peuvent avoir sur les autres est primordial selon Alicia Birr et à débuter dés que possible.

Cela passe par des conversations en amont avec son enfant pour lui faire prendre conscience des personnes handicapées dans son entourage et l’éduquer sur le sujet.

*Alicia Birr est la fondatrice de Reworlding, un média qui se penche sur le sujet du langage inclusif.

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