Idées reçues sur les enfants autistes : Déconstruire les préjugés
L’autisme n’est pas un "défaut" à corriger. C’est une manière d’être. Pourtant, les idées reçues persistent, alimentées par des clichés médiatiques ou des discours bien intentionnés mais maladroits. Cet article, construit à partir de faits vérifiés et de témoignages, a pour but de démonter ces idées préconçues sans surjouer l'émotion, pour que chaque parent, chaque enfant, puisse se retrouver dans ces lignes.
Idée reçue n°1 : "Les enfants autistes sont tous des génies."
Réalité : L’image romantisée de l’enfant prodige à la Rain Man est trompeuse. Environ 10% des personnes autistes présentent une capacité exceptionnelle dans un domaine précis, comme les mathématiques ou la musique (source : American Journal of Psychiatry). Mais réduire l’autisme à ces rares cas occulte la diversité des profils.
La plupart des enfants autistes ont des forces et des défis très variés, comme tout autre enfant. Certains excellent en mémorisation ou en créativité, tandis que d'autres rencontrent des obstacles dans la communication ou les interactions sociales. Les voir uniquement à travers le prisme du "génie" peut ajouter une pression inutile, et nier leurs besoins spécifiques.
Idée reçue n°2 : "Les enfants autistes n’éprouvent pas d’émotions."
Réalité : Cette idée fausse est sans doute l’une des plus blessantes. Les enfants autistes ressentent des émotions, souvent intensément, mais les expriment différemment. Des études montrent qu’ils peuvent avoir des difficultés à décoder ou à exprimer leurs émotions de manière conventionnelle (source : Journal of Autism and Developmental Disorders).
Ces expressions alternatives ne signifient pas qu’ils sont insensibles ou détachés. Au contraire, leur sensibilité peut être exacerbée face à des stimuli que d’autres ignoreraient. Ils peuvent, par exemple, éclater de rire dans des moments qui nous échappent parfois. Ce n’est pas de l’indifférence : c’est une autre façon d’habiter le monde.
Idée reçue n°3 : "L’autisme est causé par une mauvaise éducation ou des vaccins."
Réalité : Non, non, et encore non. Cette idée est le fruit d’un mélange de culpabilisation parentale et de désinformation scientifique. L’autisme est un trouble neurodéveloppemental complexe influencé par des facteurs génétiques et environnementaux précoces, mais absolument pas liés aux vaccins ou à l’éducation (source : Centers for Disease Control and Prevention).
Il est urgent de cesser de blâmer les parents – en particulier les mères – pour un diagnostic qu’ils n’ont ni causé ni contrôlé. Accuser les parents d’être trop "froids" ou "trop protecteurs" ajoute à leur fardeau et détourne l’attention des vrais besoins des enfants.
Idée reçue n°4 : "Ils préfèrent être seuls."
Réalité : Ce mythe repose sur une interprétation biaisée des comportements autistiques. Beaucoup d’enfants autistes veulent interagir, mais selon leurs propres termes et leur propre rythme. La surcharge sensorielle ou les règles sociales implicites qu’ils ne comprennent pas peuvent rendre les interactions difficiles ou fatigantes (source : Autism Research Institute).
Le rôle des proches est donc d’apprendre leur langage, pas de les forcer à se plier au nôtre. De nombreux enfants autistes apprécient les moments de partage, mais ils privilégient souvent des activités où le langage corporel ou non-verbal prime sur les mots. Ces instants, loin d’être marqués par la solitude, révèlent une autre façon d’interagir et de connecter avec le monde.
Idée reçue n°5 : "Les enfants autistes ne progresseront jamais."
Réalité : L’autisme n’est pas un chemin tracé, encore moins un plafond. Les enfants autistes progressent, chacun à leur rythme, selon les soutiens qu’ils reçoivent et les environnements dans lesquels ils évoluent. Les progrès peuvent être fulgurants ou graduels, mais ils existent toujours (source : Autism Speaks).
Il est essentiel de célébrer chaque petite victoire : un mot prononcé après des mois d’efforts, un contact visuel qui n’était pas naturel auparavant. La progression n’est pas toujours linéaire, mais elle est bien là. Et surtout, elle est à leur mesure, pas à celle d’un système normatif.
Un autre regard est possible
Déconstruire ces idées reçues, c’est ouvrir une porte vers une meilleure compréhension et une acceptation sincère de la diversité des enfants autistes. Ce n’est pas les "guérir" qu’ils attendent de nous, mais de reconnaître leur richesse.