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L’école inclusive: comment ça marche ?

Scolariser des enfants handicapés, quel que soit le type de handicap, est loin d’être une chose facile. Pourtant, la mention “école inclusive” revient souvent dans les discours politiques. Que signifie-t-elle, et quelles sont, en théorie, les mesures mises en place ? Faisons le point.

Le service public de l’éducation doit veiller à l’inclusion scolaire de tous les enfants sans aucune distinction selon l’article L111-1 du code de l’éducation. Dans les faits, et les parents d’enfants handicapés le savent bien, ce n’est pas toujours aussi évident. Et une bonne prise en charge dans l’école de la république peut s’avérer être un véritable parcours du combattant. À partir de l’école maternelle, un enfant peut bénéficier de l’aide d’un ou une AVS/AESH, soit individuelle soit mutualisée. Ce sont les parents qui doivent faire la première demande auprès de leur MDPH, Maison Départementale pour les Personnes Handicapées. La MDPH est un interlocuteur important de toute personne handicapée. Pour les parents, c’est elle qui délivre l’allocation d’éducation de l’enfant handicapé (AEEH), qui gère l’accompagnement des AVS/AESH ou encore met en place le projet personnalisé de scolarisation qui permet d’intégrer l’enfant dans une structure ULIS. 

École inclusive : pour qui, à partir de quand ?

À partir de l’école maternelle, un enfant peut bénéficier de l’aide d’un ou une AVS/AESH, soit individuelle soit mutualisée. Ce sont les parents qui doivent faire la première demande auprès de leur MDPH, Maison Départementale pour les Personnes Handicapées. La MDPH est un interlocuteur important de toute personne en situation de handicap. Pour les parents, c’est elle qui délivre l’allocation d’éducation de l’enfant handicapé (AEEH), qui gère l’accompagnement des AVS/AESH ou encore met en place le projet personnalisé de scolarisation qui permet d’intégrer l’enfant dans une structure ULIS. 

Les enfants en situation de handicap peuvent être admisen ULIS, un dispositif d’inclusion pour la scolarisation des enfants en situation de handicap et intégré dans certaines écoles maternelles (dans les textes seulement pour le moment), écoles primaires, collèges et lycées. Pour en profiter, l’enfant doit voir son profil validé par une commission des droits et de l’autonomie de la MDPH. C’est ensuite au chef d’établissement d’acter l’admission définitive de l’enfant dans son établissement. Pour réaliser son dossier de demande, il est conseillé d’y ajouter le formulaireGeva-sco, Guide d’évaluation des besoins de compensation en matière de scolarisation, réalisé par l’équipe éducative de l’école, mais aussi par les professionnels de crèche, le médecin de crèche ou tout professionnel qui suit l’enfant, à la demande des parents.

École inclusive : pourquoi c’est essentiel ?

Une bonne prise en charge par l’équipe de l’école, avec le soutien des parents, peut tout changer pour les enfants, comme le raconte la maman de Tonio*, qui avait pourtant été mis de côté par sa maîtresse pendant 2 ans de sa scolarité : "Il a fait beaucoup de progrès en ULIS. De nouveau, il adore aller à l’école. Il y est à sa place et son AESH l'aide et a appris à le comprendre. Quand il n'a pas besoin d’aide, elle " s'éloigne" mais reste à sa disposition, ce qui rassure Tonio qui demande son aide sans se braquer. Il est pris en considération. Le fait qu’il parte à l'école sans pleurs, sans crise, c'est un tel soulagement pour nous. Et le fait qu'en réunion, on entende que Tonio a beaucoup de capacités et qu'il avance… je ne peux pas expliquer le bien que ça fait."

Malheureusement, le bien-être des enfants et la bonne mise en place des protocoles dépend trop souvent de personnels de l’éducation nationale déjà débordés par des classes bien remplies. Mathieu*, petit garçon autiste qui vient d’entrer en maternelle, a donc connu une maîtresse qui l’a intégré à la classe avant d’être à la charge d’une maîtresse qui ne sait pas trop comment composer avec lui : "Mon fils adore l’école. Il y allait toujours avec entrain et enthousiasme. Aujourd’hui, il rechigne à mettre son manteau, ses chaussures, traîne des pieds sur le chemin de l’école. C’est extrêmement difficile pour tout le monde. Je comprends qu’un enfant différent soit parfois difficile dans une classe, mais à deux adultes dans une classe de 19 enfants, je pense que lui accorder deux minutes de temps en temps pour un câlin ou pour lui proposer une activité n’est pas trop demander…  Nous sommes dépendants de l’être humain en face de nous et de sa volonté de bien faire ou non, de s’investir ou non auprès de notre enfant. Je trouve ça terriblement injuste que les droits de nos enfants différents soient bafoués avec nonchalance comme s'ils ne méritaient pas qu’on leur offre la même chance que les autres."

"Mon fils adore l’école. Il y allait toujours avec entrain et enthousiasme. Aujourd’hui, il rechigne à mettre son manteau…”

Si pour certains tout se passe au mieux :“Ma fille en situation de handicap va à l’école et ça se passe globalement bien”; d’autres sont contraints d’envisager un changement d’école ou une scolarisation à la maison. “Nous avons eu officiellement le diag de notre fils de 6 ans hier après midi. Le TDAH est confirmé. Et nous sommes en pleine recherche d’une nouvelle école parce que là où il est, l’instit ne veut rien entendre.”, “Mon fils va à l’école et ça se passe bien mais c’est l’enfer avec l’école qui rêve de le mettre dehors”. 

L’école inclusive, ça existe vraiment ? Les témoignages des parents

Même les personnes qui ont des expériences plutôt positives remarquent des problèmes avec lesquels il faut composer : "Depuis le début, avant même l'annonce du diagnostic (il y a un 1 an et demi), l'école a été à l'écoute des besoins de notre fille et à notre écoute”, se félicite Claire, qui précise : “Des aménagements d'horaires ont été mis en place. L'AESH, qui n'était au début pas individuelle, a accompagné notre fille en fonction de ses besoins réels et non stricto senso ses heures attribuées. Depuis l'annonce du diagnostic, l'équipe éducative s'adapte encore plus. Ils sont à l'écoute notamment de sa fatigue et de ses besoins d'autonomie. Elle n'est pas privée de sortie scolaire.” 

Aménagements possibles mais dépendants de l’équipe encadrante

Des ajustements ont toutefois été nécessaires, avec une implication de la part des parents concernés : “Pour des séjours longs (3 jours), ma présence est requise, ce qui me semble normal. Mais pour des sorties plus classiques, elle est parfaitement intégrée. L'équipe médicale, qui rencontre l'équipe scolaire au cours des réunions, souligne aussi les qualités de cette école.” 

Pour ce qui est des points négatifs, Claire évoque “des changes pas assez fréquents et une impossibilité de la laisser à la cantine ; en se réveillant à 4h ou 5h du matin, ma fille ne peut pas attendre l'heure du repas et surtout l'heure de la sieste qui n'est pas aménageable.” 

Pour la majorité des parents, quel que soit le type de handicap, il est donc nécessaire de suivre de très près la scolarité de leur enfant et de communiquer très régulièrement avec l’équipe de l’école. Si des aménagements sont légalement possibles, ils sont toujours dépendants du bon vouloir (ou pouvoir) des personnels de l’éducation nationale et des AVS/AESH ainsi que du désir d’inclusivité des autres élèves et de leurs parents. Intégrer un élève en situation de handicap dans une école est ainsi un véritable projet collectif.